Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/263

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Et Bilz lui donna trois beaux couverts d’argent, un pour lui, un pour sa femme et un troisième pour sa fille. Le seigneur accepta avec plaisir, et il invita Bilz à venir souper avec lui, le soir même, à son hôtel.

Bilz s’excusa d’abord, disant que c’était trop d’honneur et qu’il ne lui convenait pas de s’asseoir à la même table qu’un si noble seigneur. Mais, sur de nouvelles instances, il finit par accepter.

À l’heure convenue, il se rendit à l’hôtel du Kerouez, — car le seigneur avait son hôtel à la ville, — et soupa en la société du seigneur et de sa famille. Il trouva le vin bon et but abondamment, de sorte qu’à la fin du repas, il était fort gai, et il amusa la société par le récit de ses aventures et de ses finesses.

— Raconte nous donc aussi, lui dit le seigneur, comment tu es parvenu à te tirer de l’étang du château et à devenir, en si peu de temps, un riche marchand d’orfèvrerie ?

— Bien volontiers, monseigneur, car je me rappellerai toujours avec plaisir cette aventure, qui est l’origine de ma fortune. Eh ! bien, sachez donc que lorsque vos gens me jetèrent dans l’étang, enfermé dans le sac où vous aviez eu la bonté de me faire mettre, je coulai tout doucement jusqu’au fond. Alors, vint une sirène, qui est un être moitié femme et moitié poisson, comme vous le savez, qui délia les cordons du sac et m’en fit sortir. Mes yeux furent éblouis des belles et merveilleuses