Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/275

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commença de s’enfler aussitôt, et sa peau est, à présent, si tendue, qu’elle menace de crever. Avec cela elle souffre beaucoup, et aucun médecin n’entend rien à son mal. Aussi, le roi est-il désolé, et il a promis la main de sa fille à celui qui la guérira, quel qu’il puisse être.

— Et vous croyez que l’écorce de cet arbre pourrait la guérir ? demanda le loup.

— Ici, l’écorce ne suffirait pas, pour opérer la guérison. Mais, voici, répondit le lion, tout ce qu’il faudrait faire, pour réussir complètement : il faudrait retirer le crapaud de la fontaine, où il se cache, et faire boire à la Princesse le sang de l’animal, mêlé à du vin, puis, manger sa chair frite dans du beurre. Il n’y a pas d’autre remède au monde qui puisse lui rendre la santé, et aucun médecin, quelque savant qu’il soit, ne s’avisera jamais de faire ce que je viens de dire.

Les trois animaux, le lion, le loup et le sanglier, qui étaient des diables qui avaient pris ces formes, pour mieux jouer leurs tours, partirent là-dessus.

Turquin, comme bien vous pensez, n’avait pas perdu un mot de tout ce qu’ils avaient dit, car, s’il était aveugle, il n’était pas sourd, et il s’écria, alors :

— Dieu vient à point à mon secours !

Le soleil se levait, en ce moment. Il descendit de l’arbre, et, avec son couteau, il réussit à enlever un peu de la seconde écorce du