Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/279

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déposèrent à ses pieds des sacs d’or et d’argent. Mais, il repoussa du pied leur or et leur argent. Puis, comme on lui offrait un palais magnifique, en le priant de ne plus quitter la ville de Luxembourg, il répondit :

— Je ne puis rester avec vous, quant à présent, car j’ai un voyage à faire, et je ne puis le différer. Au retour de ce voyage, je reviendrai vous voir, et alors, peut-être, fixerai-je ma résidence parmi vous. Du reste, vous n’avez pas à craindre que la fontaine cesse de couler, en mon absence.

On lui fit don d’un beau carrosse doré, attelé de chevaux magnifiques, et il se rendit en Espagne. En arrivant dans la capitale de ce royaume, il descendit dans le meilleur hôtel, et y fut reçu comme un prince. Le soir, après souper, il fit venir son hôte, pour causer avec lui, et s’informer des nouvelles du pays.

— Qu’y a-t-il de nouveau dans votre ville ? lui demanda-t-il.

— On ne parle par ici que de la maladie de la fille du roi, une princesse charmante et aimée de tout le monde.

— Quelle est donc sa maladie ?

— Nul ne le sait, et les meilleurs médecins n’y entendent rien. Elle est tellement enflammée et gonflée, la pauvre princesse, que sa peau est sur le point d’éclater. Elle souffre beaucoup. Quelques-uns disent qu’elle est possédée du démon, et je le croirais assez.