Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/282

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et avala tout d’un trait, jusqu’à la dernière goutte.

— Dieu, que ce breuvage me fait de bien ! dit-elle.

Et en effet, elle cessa de crier et de se tordre, et se calma et s’assoupit tranquillement.

Turquin revint à la cuisine, pour y préparer un autre remède, qui devait achever la guérison. Il hacha le crapaud en menus morceaux et en fit une pâtée qu’il cuisit, et le soir, quand la princesse se réveilla, il lui en fit manger un tiers, l’autre tiers, à midi, le lendemain, et le troisième, au coucher du soleil. Alors, elle se trouva aussi bien portante que jamais. Son bonheur et sa joie étaient tels, qu’elle chantait et dansait et embrassait son sauveur, et ne voulait plus se séparer de lui, et le vieux roi faisait comme sa fille.

Turquin fut accablé de présents de toute sorte, et on ne voulait pas le laisser partir. La princesse était amoureuse de lui, et le vieux roi voulait abdiquer en faveur de son futur gendre. Enfin, on le pressa tant, qu’il promit d’épouser la princesse ; mais, il demanda qu’on le laissât, auparavant, aller, pour quelques jours seulement, dans son pays, où il avait quelques affaires à régler, et aussi pour faire part de sa bonne fortune à son père et à sa mère, qu’il amènerait avec lui, au retour. Le roi et la princesse voulaient l’accompagner dans la crainte qu’il ne revint pas. Mais, il s’échappa de nuit, déguisé en mendiant, et