Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/287

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et à la préfette. Puis il dit au préfet, qui le suivait :

— Toutes les jeunes filles de votre ville ne sont pas là : qu’on m’en présente d’autres, demain.

Le lendemain, on lui présenta les filles des riches bourgeois et des marchands. Il les passa aussi en revue et, arrivé à la dernière, il dit encore au préfet :

— Je ne trouve pas encore ici celle qui doit être ma femme : il faut m’en présenter d’autres.

On lui présenta, le troisième jour, les jeunes ouvrières de tout métier et les servantes et jusqu’aux mendiantes. À peine eut-il fait quelques pas, qu’apercevant la jeune fille qui lui avait donné l’hospitalité, il alla à elle, la prit par la main, la fit sortir des rangs et, la présentant à tous les habitants de Luxembourg, il dit :

— Voici celle que je désire pour femme ! Elle m’a bien accueilli, lorsque tout le monde me repoussait ; elle m’a accordé l’hospitalité et partagé son pain avec moi, et je veux l’en récompenser, aujourd’hui.

Grand fut l’étonnement de tout le monde, et aussi le désappointement de certains pères et mères.

Les noces furent célébrées, sans délai, — des noces magnifiques, — et Turquin alla, alors, habiter son château, avec sa femme et sa belle-sœur.