Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/291

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Une chose tourmentait pourtant l’esprit de Cochenard et l’intriguait singulièrement : Comment son frère avait-il recouvré la vue, et était-il devenu si riche ?

Un jour, il lui demanda : — Je suis bien curieux de savoir comment tu as pu recouvrer la vue, et devenir si riche ?

— Bah ! mon frère, ne t’inquiète pas de cela, et n’y songe plus.

Plusieurs fois, il lui fit la même question, et, à chaque fois, Turquin en paraissait contrarié et lui faisait la même réponse. Enfin, obsédé, il lui dit, un jour :

— Je vais te le dire, puisque tu y tiens tant… et pourtant, quelque chose me dit qu’il vaudrait mieux pour toi ne jamais le savoir.

Et il lui raconta comment, étant sur le point de se donner la mort, trois animaux, un lion, un loup et un sanglier s’étaient réunis sous l’arbre sur lequel il était monté et lui avaient appris deux secrets qui avaient été l’origine de sa fortune. Mais, il ne lui livra pourtant pas ces secrets.

Cochenard était jaloux de Turquin, il n’en dormait plus, et, désireux d’avoir aussi son palais, à lui tout seul, où il serait le maître, il résolut d’aller passer une nuit sous l’arbre de la forêt, afin d’y apprendre aussi quelque secret. Il ne dit rien de son projet ni à sa femme, ni à son frère, et partit un soir, secrètement.

Arrivé dans le bois, il reconnut facilement