Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/50

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— Tu as eu de la chance
Que je ne t’aie mise toi-même en morceaux !
Que je ne t’aie mise en pièces, toute vivante,
Comme je le faisais de mes tabliers !
Tu augmentais mes peines, chaque jour,
Par tes larmes et ta douleur.
Tu as tenu un enfant (sur les fonts baptismaux,
Et tu lui as donné mon nom ;
Tu lui as donné mon nom,
Et c’est ce qui m’a sauvée.
Je vais maintenant voir Dieu,
Et toi, tu viendras aussi, sans tarder.


— Quel singulier gwerz ! dit Francès, quand Marianna eut fini de chanter. Voilà une mère qui est en enfer, les larmes et la douleur de sa fille ne font qu’augmenter son supplice, et elle est sauvée parce que celle-ci a donné son nom à un enfant qu’elle a tenu sur les fonts de baptême.

— J’ai toujours entendu dire que cela porte bonheur de servir de parrain ou de marraine aux enfants nouveau-nés, surtout à ceux des pauvres, dit Gorvel.

— Il est vrai aussi, dit Poazévara, que les larmes que l’on répand sur la mort d’une personne dont l’âme est damnée et les prières que l’on dit pour elle ne font qu’augmenter ses peines et son supplice. Cela est marqué clairement, du reste, dans le beau gwerz de celui