Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/9

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Tout ce que contiennent les cinq veillées dont se compose ce volume, — contes et chants populaires, histoires de revenants et autres récits, — je l’ai entendu conter ou chanter, au foyer des veillées du manoir paternel de Keranborn, en Plouaret, et du manoir de Coat-Tugdual, près de Goarec, en Cornouaille, où fui passé tout un hiver.

Je me suis efforcé de reproduire fidèlement les chants, les récits et les conversations du soir de nos laboureurs et artisans trécorois et cornouaillais, et si j’y interviens parfois, sous le nom de Francès, je reste, autant que possible, dans le cadre et le ton de la situation.

Je ne veux pas essayer de faire ici une dissertation savante sur l’importance des traditions orales du peuple pour l’étude des origines de notre civilisation. Je n’en dirai qu’un mot seulement.

Les contes surtout, — contes de fées ou mythologiques et récits anciens de tout genre ordinairement désignés sous le titre général et assez dédaigneux de contes de bonnes femmes, — constituent aujourd’hui, au même titre que la philologie, une branche d’études, une science nouvelle qui nous fournit un des meilleurs moyens d’investigation que nous possédions pour remonter le cours des âges et établir la filiation et les affinités des peuples et des races. Nous croyons y trouver encore des renseignements précieux sur les mœurs, les croyances et la religion de nos premiers ancêtres.

Longtemps abandonnés uniquement à l’amusement des enfants, ce n’est qu’au commencement de ce siècle, que la science a daigné s’en occuper d’une manière