Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/139

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voir ce que l’on voit sans cesse. Tous les sens s’habituent aux objets qui leur sont soumis lorsque l’imagination ne se met pas en frais pour les exalter. Dans vos climats, les deux sexes cachés annoncent assez leur différence par la diversité de leurs vêtements ; mais cela ne sert qu’à porter le feu dans les sexes. L’on désire toujours d’admirer ce qu’il est défendu de contempler. En Afrique, au contraire, tout est à l’air : l’on se voit indifféremment. La femelle ne pense pas au mâle qu’elle a sous la main ; le mâle à côté de la plus charmante femme est souvent nul. Le seul besoin les rapproche et les réunit. Mais ce besoin, qui revient souvent, a de très bons effets. Nous faisons pour vous des enfants, et vous très inutilement vous vous accouplez, parce que vous souhaiteriez vous accoupler à chaque quart d’heure, et qu’une femme reçoit quelquefois dix hommes dans la journée. Oh ! si la plus vigoureuse négresse en reçoit plusieurs, il faut qu’elle ait grand faim ; et d’avance l’enfant est fait, et le premier mâle a fermé la porte. Les autres ont du plaisir, en donnent à la femelle, mais ne peuvent troubler l’ordre de la nature.

— Tu crois donc que ton nègre ne s’unirait pas à toi sans besoin ?

— Il va vous le prouver, répondit-elle.

Elle l’appelle.

— Pour quel con bandes-tu ? Parle et sois sincère. Je t’offre le mien que tu connais. Est-ce dans ce sanctuaire que tu te plais à célébrer l’amour ?

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