Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/480

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466 MOSCHUS. tu pleures , dit-on, de tes eaux gémissantes cet illustre fils, et la mer fut remplie de tes plaintes. Tu pleures mainte- nant un autre fils, et tu te consumes en de noirs chagrins. Tous deux étaient chers aux fontaines; l‘un s’abreuvait aux sources de Pégare, l’autre puisait dans l’Aréthuse. Le premier célébra la noble fille de Tyndare , et fillustre fils de Thétis , et l’Atride Ménélas; le second ne célébrait ni les combats ni les larmes, mais Pan , mais les bergers; ' il chantait en faisant paître ses troupeaux; il faisait des . pipeaux rustiques, trayait une douce génisse , vantait aux enfants le charme des baisers , nourrissait l’amour dans son sein , et plaisait à Vénus. · ` . Commencez le chant funèbre, commencez , Muses sici- liennes. . Toutes les villes célèbres , toutes les villes fameuses , ` ô Bion! plaignent ta destinée. Ascra te pleure bien plus · qu'elle n‘a pleuré son llésiode; llila de Béctie regrette moins son Pindare; la puissante Lesbos déplora moins son Al- cée; la ville de Céos a répandu moins de larmes sur son V poete; le trépas d’Archiloque a moins attristé Paros; Mi- tylène , oubliant Sappho, ne pleure que ta muse. Tous ceux qui ont reçu des Muses le talent harmonieux des poé- sies bucoliques déplorent ton trépas. Sicélide , ornement de Samos , est dans le deuil; Lycidas , dont l‘aimable sou- rire inspirait la gafté aux Lydoniens, fond maintenant en larmes; Philétas, chez les Triopides, gémit sur les bords de l’Alente; Théocrite s’aI`ilige à Syracuse. Je retrace la douleur des Ausoniens, moi qui ne suis point étranger aux chants bucoliques que tu enseignas à tes chers nour- . rissons, héritiers de la Muse dorienne. Réservant les hon- neurs pour nous, à d‘autres tu laissas tes richesses, à moi ‘ tu as légué le chant. Commencez le chant funèbre , commencez, Muses sici- liennes. Hélas! hélasl quand les mauves, quand l’ache ver- doyante ou l’anet fleuri et crépu ont péri dans nos jar-