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RIENZI.

Rome, ce serait mettre l’État en danger, souiller notre pourpre d’une tache ineffaçable et unir contre nous toute la noblesse d’Italie.

— Tel était mon avis, tribun, bien que le conseil en ait décidé autrement.

— Écoutez les cris de la populace, vous n’en pouvez réprimer l’honnête ardeur, dit le démagogue Baroncelli. »

Beaucoup de conseillers firent un murmure d’approbation.

« Amis, dit le tribun, d’un air sérieux et solennel, que la postérité ne dise point que la liberté aime le sang ; pour une fois suivons l’exemple, imitons la miséricorde de notre grand Rédempteur ! Nous avons triomphé, soyons patients, nous sommes sauvés, pardonnons ! »

Le langage du tribun fut soutenu par Pandulfo et d’autres politiques plus doux et plus modérés ; après une courte et vive discussion, l’influence de Rienzi prévalut et la sentence de mort fut révoquée, mais à une faible majorité.

« Et maintenant, dit Rienzi, soyons plus que justes : Soyons généreux. Parlez, et hardiment. Un seul de vous pense-t-il que j’aie été trop sévère, trop arrogant avec ces esprits obstinés ? Je lis votre réponse sur vos fronts ! Oui, je l’ai été. Quelqu’un de vous pense-t-il que ce soit cette erreur de ma part qui a pu les exciter à une si noire vengeance ? Quelqu’un de vous croit-il qu’ils participent comme nous à l’élan des nobles instincts de la nature humaine, qu’ils sont sensibles à la bonté, qu’ils cèdent à la générosité, qu’ils peuvent être domptés et désarmés par une vengeance telle que la loi chrétienne l’inspire aux ennemis généreux ?

— Je crois, dit Pandulfo après une pause, qu’il faudrait en effet qu’ils n’appartinssent pas à la nature humaine, si leur pardon après le crime dont ils sont convaincus ne les empêchait pas d’attenter encore à votre vie.