CHAPITRE III.
La Bataille.
« J’ai fait un rêve ! s’écria Rienzi en s’élançant de son lit. Notre Boniface au cœur de lion, ennemi et victime des Colonna, m’a apparu et m’a promis victoire[1]. Nina, prépare la guirlande de laurier : c’est aujourd’hui que la victoire est à nous !
— Oh ! Rienzi ! aujourd’hui ?
— Oui ! écoute la cloche ! écoute la trompette. Déjà j’entends résonner les sabots impatients de mon blanc coursier des batailles ! Un baiser, Nina, avant de m’armer pour la victoire ; reste, console ma pauvre Irène ; ne me la laisse pas voir ; elle pleure, parce que mes ennemis sont parents de son fiancé ; je ne puis supporter ses larmes ; je l’ai gardée au berceau. Aujourd’hui, je ne dois pas avoir de faiblesse dans l’âme !… Les lâches : deux fois parjures ! Loups qu’on ne peut apprivoiser !… Vous rencontrerai-je enfin épée contre épée ? Allez trouver Irène, douce Nina, vite ! Adrien est à Naples ; et fût-il à Rome, son amant est sacré, quand ce serait cinquante fois un Colonna. »
Sur ce, le tribun passa dans son cabinet de toilette, où ses pages et ses gentilshommes apprêtèrent son armure.
- ↑ Cette nuit, m’est apparu saint Boniface, le pape… (Vie de Cola de Rienzi, liv. I, chap. xxxii.)