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RIENZI.

3.

Marchez, marchez ! Vous êtes fils du Romain dont les pas retentissaient aux oreilles de son ennemi comme l’annonce de son dernier jour, dont l’empire n’avait pour bornes que l’air et les flots, lorsqu’il se promenait à travers le monde, comme un seigneur dans sa salle d’armes. Quoique votre gloire soit tombée au fond de l’abîme de la tombe, elle sortira du champ de victoire comme le soleil sort des ondes.

Brise, enfle nos bannières ; soleil, dore nos lances !

Spirito Santo, cavaliere !

Soufflez, trompettes, soufflez ! Nous marchons gaiement à la gloire, comme un roi dans toute sa splendeur, aux éclatants accords de la trompette et au roulement du puissant tambour !

Brise, enfle nos bannières ; soleil, dore nos lances !

Spirito Santo, cavaliere !

C’est dans cet ordre qu’ils arrivèrent au vaste espace désert et désolé que la ruine et la dévastation laissaient au-dedans des portes ; là, disposés en longues rangées de part et d’autre, plongeant à perte de vue dans les rues droites et interminables, et laissant au centre un vide très-étendu, ils attendirent l’ordre de leur chef.

« Ouvrez les portes à deux battants et laissez entrer l’ennemi ! » cria d’une voix sonore Rienzi, lorsque les trompettes des barons annoncèrent leur approche.

Cependant les patriciens rebelles qui, le matin même, s’étaient mis en marche à un endroit appelé le Monument, à quatre milles de là, s’avançaient bravement et hardiment.

Avec le vieil Étienne dont la haute taille, le corps maigre et l’air dominateur avaient une belle apparence sous sa splendide cotte de mailles, chevauchaient ses fils,