Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
RIENZI.

qu’à ce que l’épuisement, rassasié d’horreurs, succède à l’ivresse, et que le despotisme soit salué comme un gage de repos !


CHAPITRE IV.

La base de l’édifice n’est pas solide.

Le cours rapide et animé des événements politiques nous a menés bien loin de la sœur du tribun, de la fiancée d’Adrien. D’ailleurs les douces pensées et les jolis rêves de cette belle et amoureuse jeune fille, tout entière à sa passion, quoique pleins pour elle d’un intérêt bien au-dessus de tous les orages et des périls de l’ambition, ne se prêtent pas si commodément à une narration : il n’y a guère d’expressions qui puissent dépeindre leur douce monotonie. Pensées et rêves ne connaissaient qu’une image, ne tendaient que vers un seul but. Fuyant l’éclat de la cour de son frère, et, quand elle se contraignait jusqu’à y paraître, éclipsée par la beauté plus ample, plus éblouissante, et par la prestance souveraine de Nina, à ses yeux, la pompe et la foule mondaines n’étaient qu’une parade mensongère, dont elle se retirait pour se donner tout entière à la vie véritable, c’est-à-dire aux espérances et aux méditations de son propre cœur. Pauvre fille ! avec tout le naturel doux et tendre de son frère défunt, sans rien avoir du rigide génie et de l’ambition prodigue, de l’ostentation fatigante et de l’ardeur du sur-