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RIENZI.

enfance ! » alors regardant derrière lui, il fit signe à Luca Savelli d’approcher.

« Luca, dit le légat, il est heureux que la bannière noire du Hongrois ait retenu le Provençal à Aversa. S’il était entré à Rome, nous aurions pu trouver le successeur de Rienzi pire que le tribun lui-même. Montréal, ajouta-t-il avec une légère emphase et des lèvres pincées, est gentilhomme et Français. Mais ce Pépin, qui n’est que son lieutenant, nous en ferons ce que nous voudrons avec de l’argent ou des menaces.

— Assurément, répondit Savelli, ce n’est pas difficile ; car Montréal comptait sur une lutte plus obstinée, qu’il se promettait de terminer lui-même à son aise.

— À titre de podestat ou de prince de Rome ! rien que ça ! Nous autres Français nous avons un juste sentiment de notre mérite personnel ! Mais cette victoire soudaine le surprend aussi bien que nous, Luca, et nous arracherons la proie des mains de Pépin avant que Montréal puisse venir à son aide ! avant tout il faut que Rienzi meure. Il est encore, dit-on, barricadé à San Angelo. Les Orsini vont aller le prendre d’assaut avant la nuit. Aujourd’hui nous voilà maîtres du Capitole : nous annulons toutes les lois du rebelle, nous prononçons la dissolution de son ridicule parlement, et nous mettons tout le gouvernement entre les mains de trois sénateurs, Rinaldo Orsini, Colonna, et moi ; vous, monseigneur, vous ne serez pas oublié non plus.

— Oh ! je ne demande pas d’autre récompense que de rentrer dans mon palais, et une descente au quartier des joailliers aura bientôt relevé mes fortifications. Luca Savelli n’est point un homme ambitieux. Il ne demande qu’à vivre en paix. »

Le cardinal sourit amèrement, et se tourna dans la direction du Capitole.

On voyait rangés sur le devant les curieux ordinaires.