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JULES BLOCH

cour des Kṣatrapas mise en lumière par M. Sylvain Lévi dans son article Sur quelques termes employés dans les inscriptions des Kṣatrapas (Jn. As., 1902, I, notamment p. 109 à 125). À vrai dire, alors que les inscriptions de ces princes sont en sanskrit, les légendes de leurs monnaies sont bien écrites en prâkrit, ainsi que M. Sylvain Lévi le faisait observer, en l’expliquant, dans ce même article. Mais si le prâkrit des monnaies des Andhras est plus archaïsant que celui de leurs inscriptions, celui des monnaies des Kṣatrapas est encore plus proche du sanskrit ; les groupes kṣ, tr, dr y sont presque constamment conservés (voir les transcriptions dans Rapson, Cat. of Ind. Coins in the Brit. Mus., p. cciii-cciv). Il semble donc que même lorsqu’ils adaptaient le langage de leurs inscriptions à l’usage laïque, ils avaient à employer un prākrit plus archaïque que leurs voisins de Paiṭhaṇ. C’est une raison de plus de penser que le témoignage du Périple sur ce point comme sur tant d’autres est exact, et que la renaissance sanskrite de la cour des Kṣatrapas a dû trouver dans la langue réelle de la région un appui qu’elle aurait vainement cherché dans des dialectes d’évolution plus avancée comme ceux du Dekhan.


Jules Bloch.