Page:Mélanges d’indianisme.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
44
L’INDE AUX COMÉDIES FRANÇAISE ET ITALIENNE EN 1770


paraît-il, il les fit bonnes. Pour gagner quelque argent, il composa des sermons que lui achetaient des prêtres peu savants. Il corrigea des épreuves pour l’abbé d’Olivet, qui était grand latiniste, et l’abbé d’Olivet le prit en affection ; il le fit entrer, comme sous-maître de rhétorique, au collège d’Harcourt. Puis, Lemierre devint secrétaire d’un fermier général ; et, dès lors, à l’abri du besoin, il put s’adonner au penchant qu’il avait toujours eu pour la poésie et pour le théâtre. De 1753 à 1757, il obtint quatre fois le prix de poésie décerné par l’Académie française. Il débuta au théâtre en 1758 par une tragédie. Hypermnestre, qui eut un grand succès. Les années suivantes, il donna, avec des chances diverses, quatre tragédies nouvelles : Térée (1761), Idoménée (1764), Artaxerce (1766) et Guillaume Tell (1766). En 1769, il avait publié un poème didactique en trois chants, La Peinture, fait à l’imitation d’un poème latin de l’abbé de Marsy. Diderot avait écrit un article sur La Peinture, et il résumait ainsi son opinion : « Un ton rocailleux et barbare, des images ou communes ou manquées, des pensées louches ou mal rendues, rarement l’expression vraie, presque jamais d’harmonie ; mais de la rapidité, de la vitesse, de l’imagination, et nulle sensibilité ; de la hardiesse et pas un trait sublime ». Que Lemierre travaillât ou non pour le théâtre, on jugeait assez généralement ses œuvres comme faisait Diderot son poème sur la peinture.

En 1770, voici La Veuve du Malabar. La coutume qui obligeait les veuves indoues à se brûler vives semble avoir fort ému les hommes du xviiie siècle. Lemierre a écrit sa tragédie pour la flétrir, et il use de l’occasion pour maudire tous les excès barbares où la superstition peut entraîner les peuples.

Un illustre Indien a terminé sa vie :
Sachez donc si sa veuve, à l’usage asservie,
Conformant sa conduite aux mœurs de nos climats.
Dès ce jour met sa gloire à le suivre au trépas :