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HISTOIRE DK LA LITTERATURE FRANÇAISE 37

que le nom et les quelques renseignements qu'ils nous ont eux-mêmes donnés sur leur vie ; de ceux-là on a des biogra- phies détaillées, qui nous racontent leurs aventures, leurs amours, et, souvent, les circonstances dans lesquelles ils ont composé telle ou telle chanson. iM. Suchier, naturellement, a tait usage de ces « vies » et de ces ra:(oiis, mais il a eu soin de nous avertir qu'il ne fallait pas les regarder comme des docu- ments dignes de toute créance, et qu'elles contenaient non seulement bien des erreurs, mais bien des fables et de vrais romans où originairement ne figurait pas le nom du troubadour auquel on les rapporte. Il est probable qu'il faudra aller plus loin encore dans cette voie et ne regarder beaucoup des vies des troubadours que comme des compositions tout arbitraires. Nous attendons depuis longtemps sur ce sujet un travail de M. Cha- baneau, qui, on a tout lieu de le croire, fera faire à la critique un progrès considérable. Mais l'existence de ces biographies est en elle-même un fait très curieux, qui montre l'intérêt que la poésie des troubadours de l'âge d'or, devenus des classiques, excitait dans les générations qui ne les avaient pas connus. Il est pro- ' bable qu'elles ont été faites pour les Italiens, qui avaient adopté cette poésie, mais qui avaient besoin qu'on la leur commentât. Le principal recueil en a été, comme on sait, composé par Uc de Saint-Cire pour son protecteur Alberico da Romano (Suchier, p. 93), et c'est sans doute à son exemple que d'autres ont écrit la biographie des troubadours qu'il avait laissés de côté". Quant aux rtiyOns, M. Suchier les rapproche avec vraisemblance des explications en prose qui précédaient les lais bretons; on sait que M. Rajna a conjecturé d'autre part qu'elles avaient servi de modèle à la Vtia uiiova de Dante.

IV. Les plus anciens monuments littéraires ÇiX'-Xi- siècles) (p. 97-104). — Nous revenons ici à la France du Nord pour n'en plus sortir. Ce court chapitre est semé, comme les autres, de vues intéressantes et neuves, que je dois me borner à indi- quer, par exemple sur l'impulsion qu'a pu donner (en dehors

I. Uc est certainement l'auteur de la plupart des biographies. M. Suchier pense qu'on ne peut lui attribuer la sienne propre; il me semble au contraire qu'elle a bien le caractère d'une autobiographie.

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