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[LITTÉRATURE MÉDIÉVALE
ET LITTÉRATURE MODERNE.]

Voici la première fois que dans une histoire générale de la littérature française conçue sur une grande échelle la littérature du moyen âge reçoit la place qui lui appartient. Elle n’est pas ici reléguée dans une sorte d’introduction générale et bornée à quelques indications sommaires données de seconde main et presque à contre-cœur. Elle est étudiée directement, traitée avec ampleur, exposée sous tous ses aspects et suivie dans tout son développement. On a cherché et on a pu trouver, pour atteindre le but qu’on s’était proposé, des savants d’une compétence reconnue et spéciale, dont les noms garantissent pour chacun d’eux la sûreté de l’information et la parfaite intelligence du sujet qui lui a été assigné. C’est là un fait considérable : il témoigne des grands progrès accomplis en ces dernières années dans l’étude de notre passé, et il marquera une date dans l’histoire littéraire du xixe siècle lui-même. Le temps n’est plus où l’on considérait tous les siècles qui ont précédé la Renaissance comme indignes d’attirer l’attention de la critique, comme occupés par de vagues et informes productions qui ne méritaient pas d’être classées dans la littérature nationale, et où on les abandonnait à une érudition dont les recherches n’intéressaient que ceux qui s’y livraient. On a compris qu’il n’était pas plus juste d’exclure de notre littérature les sept siècles qui vont des Serments de Strasbourg à la Défense et illustration de la langue françoise qu’il ne le serait de les éliminer de nos annales. Ils figurent dans l’histoire des formes qu’a prises notre pensée au même titre que dans celle des faits de notre vie nationale, de nos institutions, de notre droit, de nos croyances, de nos mœurs et de nos arts. Avoir reconnu cette vérité et lui avoir donné, par les deux beaux volumes que j’ai le plaisir de présenter au public, son application pratique, sera l’honneur de la nouvelle Histoire de la littérature française.