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vie que je menais, chaque fois que je montais des représentations. — Mon chef d’orchestre (que je ne nommerai point) m’avait déjà joué un vilain tour. Ne voulant pas que je réussisse, il m’avertit l’avant-veille seulement où ma soirée devait avoir lieu, qu’il ne pourra plus me donner ses musiciens. De cette manière, il pensait qu’on ne pourrait reculer la soirée, et que je serais forcée de faire jouer mon opéra au piano simplement, et qu’alors on ne manquerait pas de dire : qu’une femme n’est point capable d’instrumenter. Mais il se trompait : je ne me laisse pas ainsi abattre, et je lui dis : « Si votre intention est véritablement de conduire l’orchestre et de me donner les musiciens que vous m’avez promis, je remets ma soirée à un mois. » Il me fit beaucoup d’objections sur cette remise ; mais, me voyant fermement déterminée, il me dit que je pouvais compter sur lui.

Je passe alors la nuit à écrire aux personnes qui avaient pris des billets, et les préviens que la représentation est remise à un mois. — M. Carafa avait eu la bonté de m’accorder une douzaine de musiciens du Gymnase musical. Le jour était fixé pour le samedi, et les musiciens commandés, pour répéter, les mercredi et vendredi. Mon chef