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exacts, je vous prie. Alors réunissant tout mon courage, je me rends à la caserne du faubourg Poissonnière, et là, je demande à parler au chef de musique. Par bonheur, il s’y trouvait. L’on m’introduit près de lui, j’étais toute émue ; je lui dis : « Monsieur, je n’ai point l’honneur d’être connue de vous, et pourtant je viens vous demander un bien grand service. » Je déploie une affiche, et, là lui mettant sous les yeux, je le prie de la lire ; il fut d’abord un peu étonné ; mais à mesure qu’il la lisait, il souriait et commençait à comprendre ce que je désirais. « Ah ! Mademoiselle, me dit-il, il vous faut des musiciens ? — Oui, Monsieur, vous avez deviné. — Et combien ? — Je n’ose vous le dire !… Voici la liste des instruments qui me sont indispensables. — Je suis heureux, reprit-il très-gracieusement, de pouvoir être utile à une artiste, et vous pouvez être certaine que demain, heure militaire, nous serons à l’École lyrique ; je regrette seulement que vous ne soyez pas venue me trouver plus tôt, afin d’avoir plusieurs répétitions ; mais nous ferons de notre mieux. » Je ne savais comment lui témoigner ma vive reconnaissance. Il vint me reconduire, et nous traversâmes la cour, où il y avait bien deux cents soldats que