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Et te dédommager en te rendant justice !
Gloire à toi, qui sus vaincre un coupable artifice,
Malgré les vains efforts de tes rivaux jaloux,
Tu viens d’en triompher à la face de tous.
Honneur, cent fois honneur à ces femmes d’élite[1],
Donnant par leur appui l’essor à ton mérite,
Et qui viennent de joindre, à mille autres vertus,
Celle de patronner un chef-d’œuvre de plus,
Adorateur des arts, j’admirai ta musique,
Gracieuse toujours et souvent magnifique,
Ces arpéges brillants, ces aigrettes de sons,
Ces accords merveilleux, variés et féconds,
Les modulations de là harpe divine
Se mêlant au doux chant d’une voix enfantine ;
Ces morceaux pleins de goût, si riches d’avenir,
Et, qu’en les écoutant, on voudrait retenir.
L’air seul : Mariez-nous, ferait ta renommée !…
Tant il est revissant !… Mon âme était charmée,
Et mon cœur tout ému se sentait tressaillir.
Après un tel début ne crains plus de faillir,
Car il en est plus d’un que la gloire environne,
Et dont tu ne dois pas envier la couronne.
L’intrigue ou la fortune a fait bien des succès !
Qu’un travail assidu soutienne tes progrès !
Si tu te vois en butte aux traits de la satire,
Reçois-les sans trembler, fais résonner ta lyre.

  1. Quelques dames de la Société avaient patronné cette soirée.