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était d’autant plus coupable que, précédemment, il m’avait donné des encouragements. Car lorsqu’un homme de son mérite vous dit : « Mademoiselle, votre titre de femme, et de femme de talent, est un titre plus que suffisant pour que vous puissiez espérer un accueil favorable ; travaillez donc, si vous avez un bon poème. » — Et pourquoi ne voudrait-on pas qu’une femme parvienne au théâtre. Est-ce qu’on penserait qu’elle doit plutôt s’occuper au travail de l’aiguille. Qu’on me permette de faire ici une supposition : « Une femme a un talent dramatique : elle écrit ou elle compose pour le théâtre ; son mari a les mêmes idées que M. Adam là-dessus ; il ne veut pas que sa femme s’occupe de théâtre. Il est sans fortune, il est vrai, mais il est chef de bureau, ses appointements suffisent à élever sa petite famille ; et puis plus tard il aura de l’avancement. Mais un cruel accident vient le frapper, il perd la vue ! que va-t-il devenir ! lui, sa malheureuse femme et ses pauvres petits enfants ?… les voilà réduits à la dernière des misères, ils n’ont plus rien !… Mais la femme a son art chéri qui lui reste, et s’écrie : C’est donc moi maintenant, mon ami,