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qui te soutiendrai, moi qui gagnerai du pain pour ces chers enfants, et je le sens plus que jamais, que je puis arriver, et que je saurai braver par mon courage le mauvais vouloir et la jalousie des personnes qui, toujours, veulent empêcher un auteur de parvenir !… C’est alors que le mari aveugle voit clair, qu’il sent que sa femme auteur est une vraie providence, et que ce n’est point avec son aiguille qu’elle aurait pu désormais soutenir sa famille. »

Je ne serais point d’ailleurs la première femme qui ait réussi au théâtre. L’opéra de Mme Gail (les Deux Jaloux) est resté très-longtemps au répertoire, ainsi que celui de Mlle Louisa Puget (le Mauvais Œil). Mlle Louise Bertin a eu le malheur d’avoir un mauvais poème (son Esméralda), un grand opéra, mais on a conservé un acte qui a été joué souvent. Maintenant George Sand, qui a obtenu de si beaux succès (entre autres François le Champi), Mme Emile de Girardin, Mme Ancelot, etc. Pourquoi donc est-on si acharné à me barrer les portes du théâtre, moi, pauvre femme, qui ai fait tous les sacrifices possibles pour arriver, et les études les plus consciencieuses ; pourquoi m’empêche-t-on d’en cueillir le fruit ? Cepen-