Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 130 –

aurait du gain, l’une prendrait sa part, et refuserait quand il y aurait perte, de supporter le déficit. « J’appris plus tard que, me trouvant d’accord avec le Code civil, j’avais, comme M. Jourdain, fait de la prose sans le savoir. « Ah ! voilà de grandes phrases, dit-elle (s’emportant encore davantage), mais je dirai partout que vous êtes une voleuse ! » Elle répéta tellement ce mot, qu’un de mes voisins frappa chez moi, et lui dit qu’il ne pouvait comprendre comment elle osait se permettre de traiter ainsi une femme honnête, et qui, assurément, n’avait rien à se reprocher, puisqu’elle avait poussé la délicatesse jusqu’à lui proposer de suivre le procès à frais communs.

J’eus bien de la patience, pour ne pas la prier de sortir de chez moi, car elle m’accabla d’injures pendant au moins une heure et demie, et elle s’en alla, criant comme une véritable furie, qu’elle allait me faire un procès et mettre arrêt sur mon argent.

Cette horrible scène me tourna le sang, et le lendemain, j’étais couverte de boutons. Cette maladie m’a forcée de subir un traitement de quatre mois, et mes travaux en ont souffert pendant ce temps. Cette pauvre femme (car on doit