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est très-mauvaise, et même, je dirai plus, ridicule. — Comment cela ? — Par la raison qu’elle est trop surchargée de fioritures : cette composition est faite pour un cadre plus grand. Je ne sais !… mais je sens en moi une chose que je ne puis définir, c’est comme un chaos dans ma tête ; je voudrais faire quelque chose de plus grandiose. Je ne sais, enfin !… Ma mère reprit en riant : Oui, quelque chose, comme un opéra, par exemple !… Un opéra ! m’écriai-je, un opéra !… mais oui, tu as raison. Oh ! oui, je sens que je puis le faire !… — Allons, allons, ma fille, calme-toi, tu es folle. — Non, je ne suis point folle ; et voilà le chaos que j’avais dans la tête et qui, aujourd’hui, n’en est plus un pour moi !… — Mais, qui te donnera un poème ? — C’est vrai ! Il faudra pourtant que j’en trouve un ; et je ne vais même pas me coucher, bonne mère, avant d’aller chercher une comédie dans la bibliothèque. Celle-ci se trouvait justement près de l’appartement de mon père ; aussi, dans la crainte de l’éveiller, pris-je le premier livre qui me tomba sous la main : c’était une charmante comédie : la Gageure imprévue. Je la lus avec avidité ; mais toute jolie qu’elle était, elle ne pouvait nullement être mise en opéra-comique. Je