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J’étais loin d’être tranquille, car mes artistes aussi étaient faibles ; ce n’était point ceux que j’avais l’année précédente aux Italiens. Mademoiselle Robert seule, avait une voix ravissante ; c’était son début, elle avait très-peur, et a été si mal secondée. Moi qui connais son talent, je crois pouvoir lui prédire une place sur l’une de nos scènes lyriques.

Enfin, l’opéra Simple et Coquette, est joué. J’avais donné le matin 132 francs pour l’orchestre, le soir je devais en remettre 200 autres. Un musicien vint au foyer me les demander ; mais je n’avais plus en ma possession que 160 francs, il manquait 40 francs, il retourna le dire à l’orchestre. Les musiciens se refusent alors de jouer dans mon second opéra ; de rechef il vint me porter ces paroles qui me firent rougir pour eux !… « Allez les supplier de ma part, dis-je à ce monsieur ; peuvent-ils me laisser dans une position aussi critique ?… — J’en suis désolé, reprit-il, c’est leur dernier’mot, ils vont s’en aller ! » — Le pas que M. Mérante et mademoiselle Louise Marquet dansaient en ce moment avec un si grand succès était près de finir ; c’était la Jeunesse de Lully, qui devait suivre. On ne peut décrire une semblable