Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 180 —

bonté de m’obtenir de sa société, dont je fais partie ; ensuite, il a la bienveillance de demander chaque année un secours de cent francs à S. E. le ministre de la marine (comme fille d’ancien administrateur dans cette partie). Et après, je n’ai plus rien !… – Oh ! ce n’est pas possible s’écria-t-ell, vous ne pouvez vivre avec si peu. – En effet, Madame, je donnais tous les ans un concert, qui me rapportait, à force de peines, à placer des billets, de six à huit cents francs, et en mangeant des croûtes sèches, je parvenais à subsister sans faire de dettes. Voilà deux années que je n’ai point donné de soirées musicales, pensant que des représentations de mes œuvres lyriques me seraient plus fructueuses, et au lieu de cela, comme vous l’avez vu, je suis de tous côtés, menacée des huissiers, et qu’auront-ils à prendre ? puisque je me suis défaite de tout ce que j’ai pu, même de mon piano, pour faire honneur à quelques engagements, et aujourd’hui, je me vois à la veille d’être sans asile, car mon propriétaire ne veut plus me garder. Je vous dirai toute la vérité : par trois fois différentes, n’ayant pas voulu avouer à personne, que je n’avais plus rien chez moi, je suis restée sans manger !… Cependant Dieu ne m’aban-