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Nous devons rendre compte d’un opéra en un acte à l’audition duquel nous avons assisté dernièrement. Cette œuvre musicale est due au gracieux talent de Mlle Péan de la Roche-Jagu. Quant au libretto, il est de M. Emile Richebourg. La musique de Mlle Péan, tout à tout légère ou grave, est habilement nuancée et renferme des motifs ravissants ; plus on l’entend, plus on se plait à l’écouter. Cela est frais et brillant comme les vocalises du rossignol, et l’oreille en retient les notes, ainsi qu’il arrive ordinairement pour ces airs de nos grands maîtres, que leur charme et leur facture large et nette rendent aussitôt populaire. Le succès de l’opéra de Mlle Péan, qui a pour titre : Simple et Coquette, n’a pas été douteux un instant. Il serait à désirer, dans l’intérêt des auteurs et du public, que la pièce fût adoptée par une de nos scènes lyriques. On a créé un théâtre, soi-disant pour aider et mettre au jour les talents inconnus, et il n’y a que des réputations déjà faites qui ont le droit d’y entrer. C’est une injustice criante et qu’il serait bien temps de réparer. Une vielle chanson dit : Ah ! si ma Dame le savait ! moi, je dirai : Ah ! si l’Empereur le savait ; je suis sûr, que dans sa bienveillante sollicitude pour tous, il ferait cessera cet état de choses.

(Foyer domestique.)