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si enfin la cantate que je vous remets, et qui est si dramatique, est bien rendue, je ne vous dis rien, mais j’ai mon projet. » — Je l’emportai et me mis aussitôt au travail avec courage ; ces mots de mon professeur : J’ai mon projet, me résonnaient doucement à l’oreille et me donnèrent une bonne inspiration, car je réussis au delà de mes espérances dans cette composition. Jamais mon cher maître ne m’avait donné autant d’éloges, et me dit enfin le fameux projet qu’il avait conçu. Il écrivit au roi afin de lui demander qu’il m’accordât la faveur (comme étant la première femme qui avait mérité le grand prix de Rome) d’une médaille en or et 600 fr. de pension. À cette époque, j’eus l’occasion d’écrire à M. le comte de Las-Cases, qui a toujours été pour moi si rempli de bienveillance, et je lui fis part de cette bonne nouvelle. Il me répondit aussitôt que, si la demande de M. Berton n’était pas encore envoyée au roi, il se chargerait avec grand plaisir, si je le désirais, de la lui remettre. En effet, cette nouvelle marque de bonté de M. le comte de Las-Cases ne pouvait manquer de m’être on ne peut plus agréable, et je m’empressai de lui faire parvenir la demande de mon illustre professeur, ainsi