Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/13

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ple de beaucoup d’autres, pendant les jours caniculaires de la révolution, ainsi qu’il les nommait, si son intelligence n’eût à chaque instant trouvé un point d’appui dans le sentiment religieux. Ce n’est pas seulement dans ses écrits destinés au public, c’est sur ses notes, sur des agenda personnels, qu’il revient incessamment à cette pensée : « Oubli des injures, charité envers nos ennemis ! » Avertissement réitéré d’une raison vigilante à prévenir les écarts des passions ; et le triomphe de la raison est ici tellement complet, qu’elle s’exalte parfois jusqu’à l’enthousiasme, et emprunte les accens de la passion elle-même ; c’est ainsi que dans les belles pages qui terminent les Ruines de Port-Royal, nous voyons avec admiration le prélat janséniste prier pour les jésuites, sur les débris de cet asile d’où ils avaient chassé ses patriarches. Je crois qu’il a dû s’opérer dans cette ame une de ces luttes intérieures dont la révélation serait si précieuse pour l’étude de l’homme et si encourageante pour l’humanité ; je crois que ce travail moral s’est continué toute sa vie, et que Grégoire est arrivé à la vertu en triomphant de lui-même par l’énergie de son caractère, comme d’autres sont inoffensifs par