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Soit devant le conseil de guerre de Versailles, en 1871 ; soit devant la police correctionnelle, après la manifestation Blanqui, en 1882 ; soit dans son dernier procès, en 1883, devant la cour d’assises de la Seine : toujours on l’a trouvée levant fièrement la tête, répondant à tout, s’attachant à justifier ses coaccusés sans se justifier elle-même, et courant au devant de toutes les solidarités !

On trouvera dans l’appendice placé à la fin de ce premier volume le compte rendu emprunté à la Gazette des tribunaux, qui n’est pas suspecte de complaisance pour l’accusée, de ces trois jugements, et l’on se convaincra que la condamnée est vraiment un caractère.

Quant à la résignation, à la joie âcre avec lesquelles elle a supporté les diverses peines prononcées contre elle : la déportation, la prison, la maison centrale, il faut remonter aux premiers siècles de notre ère, pour trouver chez les martyres chrétiennes, quelque chose d’équivalent.

Née dix-neuf siècles plus tôt, elle eût été livrée aux bêtes de l’amphithéâtre ; à l’époque de l’inquisition elle eût été brûlée vive ; à la Réforme, elle se fût noblement livrée aux bourreaux catholiques. Elle semble née pour la souffrance et pour le martyre.

Il y a quelques jours à peine, et quand le décret de grâce rendu par monsieur le président de la République lui a été signifié, n’a-t-il pas fallu presque