Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/11

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employer la force pour la mettre à la porte de Saint-Lazare ? Elle ne voulait point d’une clémence qui ne s’appliquait pas à tous ses amis. Sa libération a été une expulsion, et elle a protesté avec énergie.

Louise Michel n’est pas moins bien douée intellectuellement qu’au point de vue moral.

Fort instruite, bonne musicienne, dessinant fort bien, ayant une singulière facilité pour l’étude des langues étrangères ; connaissant à fond la botanique, l’histoire naturelle — et l’on trouvera dans ce volume de curieuses recherches sur la faune et la flore de la Nouvelle-Calédonie — elle a même eu l’intuition de quelques vérités scientifiques, récemment mises au jour. C’est ainsi qu’elle a devancé M. Pasteur dans ses applications nouvelles de la vaccine au choléra et à la rage.

Il y a quelques années déjà que la déportée de Nouméa — on le verra plus loin — avait eu l’idée de vacciner les plantes elles-mêmes !

Mais par-dessus tout, elle est poète, poète dans la véritable acception du mot, et les quelques fragments jetés çà et là dans ses Mémoires décèlent une nature rêveuse, méditative, assoiffée d’idéal. La plupart de ses vers sont irréprochables pour la forme aussi bien que pour le fond et pour la pensée.

Je m’arrête.

Maintenant que j’ai — au risque d’encourir les reproches de Mlle Louise Michel — présenté, sous