Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/26

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essaye d’ingurgiter à nos seigneurs et maîtres des boulettes de science à leur crever le jabot. Hélas ! c’est encore une drôle d’instruction malgré cela, et ceux qui seront à notre place dans quelques centaines d’années feront joliment litière — même de celle des hommes.

Il devait se trouver de fameuses âneries dans mon travail ; j’avais consulté assez de livres infaillibles pour cela, mais on me donna quelques volumes de Voltaire et je plantai là mon œuvre inachevée avec le grand poème sur le Cona dont M. Laumont le grand avait cru me désenchanter en me racontant sur la montagne de Bourmont assez de légendes burlesques pour faire rire toutes les pierres de la Haute-Marne.

Jadis, là, dans un ermitage, vécut pendant longtemps un malandrin, saint homme pendant le jour, détrousseur de voyageurs pendant la nuit, à qui les braves gens du pays payaient en chère lie des prières pour les délivrer du peut âbre qui courait le bois et la plaine, sitôt le lever de la lune.

Et, sitôt aussi le lever de la lune, se retirait le saint homme dans la solitude, car le peut âbre c’était lui !

Ce qui m’empêcha de terminer le fameux poème du Cona c’est une dent de mammouth, dont ce