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Le 16, la mer est forte, le vent souffle en tempête, le soleil fait mille facettes sur les lames ; deux rivières de diamants semblent glisser sur les flancs du navire.

C’est bien ma frégate, seule sous les cieux !

Le 19 août, un bâtiment noir pareil au Néglefare, le vaisseau spectral du nord, est en vue par moments, tantôt forçant de voiles, tantôt diminuant. Il évolue comme s’il guettait. Serait-ce des libérateurs ?….

D’une façon intermittente, il nous suit pendant deux jours ; on fait une manœuvre d’exercice dans la soirée ; deux coups de canon à blanc sont tirés pendant cette manœuvre.

Le navire étrange se perd dans la nuit ; il guette encore un peu, ses voiles blanches ont l’air d’étoiles au fond de l’ombre.

Il ne revint plus !

Le 22 août, des hirondelles de mer se perchent sur les vergues. Nous sommes en vue de Palma, grandes Canaries.

C’est là, peut-être, le reste de l’Atlantide ; pourquoi pas ? Le sol tourmenté frémit encore.

Des montagnes, et des montages encore, entassées, mêlées aux nuages.

Le 24, on lève l’ancre à 9 heures du matin. En suivant le rivage on voit toujours des cimes sans