Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/349

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qui battent dans le noir du ciel sur le noir des flots.

Parfois un éclair immense et rouge déchire l’ombre ou fait voir une seule lueur de pourpre sur laquelle flotte, comme un crêpe, le noir des flots.

Le tonnerre, les rauquements des flots, le canon d’alarme dans la rade, le bruit de l’eau versée par torrents, les énormes souffles du vent, tout cela n’est plus qu’un seul bruit, immense, superbe : l’orchestre de la nature sauvage.

La nuit est profonde mais les éclairs presque continuels ; l’œil, l’oreille sont charmés.

Notre premier cyclone eut lieu la nuit ; ce sont les plus beaux.

C’était à la presqu’île Ducos ; le baromètre était descendu au plus bas ; l’air, que pas un souffle ne rafraîchissait, l’avait annoncé dès le matin.

L’inquiétude prit les animaux, chacun prit ses bêtes dans sa case.

Ayant enfermé dans la mienne ma chèvre et mes chats, il me vint une idée que je voulus communiquer de suite à Pérusset (c’était un ancien capitaine au long cours) ; il n’y avait pas de temps à perdre.

Suivant avec assez de difficulté le chemin de