Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/350

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Numbo, car la soirée s’avançait et la tempête commençait, je parvins jusqu’à sa case qui était une des premières du côté de la forêt Ouest où nous habitions.

Je frappe.

— Qui est là, par ce temps ? Sacré bougre ! Voilà ! voilà !

Et, toujours grommelant, Pérusset ouvrit sa porte.

— Je viens vous chercher.

— Pourquoi faire ?

— Le bateau qui nous garde ne garde plus rien ; il ne sera pas en rade de la nuit ; avec un radeau nous pouvons nous confier au cyclone, il nous portera jusqu’à la prochaine terre, Sydney, sans doute, et à vous, un vieux loup de mer, on donnera un brick pour revenir chercher les autres.

Mais je le flatte en vain : l’appelant vieux loup de mer, vieux pirate, corsaire, etc. ; mon vocabulaire s’épuise, Pérusset me regarde en silence. Il est savant, et quand la science fait réfléchir on ne se livre pas volontiers à l’inconnu. Enfin, bien gravement il me dit :

— D’abord, nous n’avons pas de quoi faire un radeau.

— Il y a de vieux tonneaux ; on les attache.