Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/40

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Mais non, sa mort n’est pas un rêve.

La plume s’arrête, dans cette poignante douleur ; on aimerait à raconter, on n’aime pas à écrire !

Que ma vue se reporte une fois encore sur Vroncourt !

Près du coudrier, dans un bastion du mur du jardin, était un banc, où ma mère et ma grand’mère venaient pendant l’été, après la chaleur du jour.

Ma mère, pour lui faire plaisir, avait empli ce coin de jardin de rosiers de toutes sortes.

Tandis qu’elles causaient, je m’accoudais sur le mur.

Le jardin était frais dans la rosée du soir.

Les parfums, s’y mêlant, montaient comme d’une gerbe ; le chèvrefeuille, le réséda, les roses exhalaient de doux parfums auxquels se joignait l’odeur pénétrante de chacune.

Les chauves-souris volaient doucement dans le crépuscule et, cette ombre berçant ma pensée, je disais les ballades que j’aimais, sans songer que la mort allait passer.

Et les ballades, et la pensée, et la voix s’en allaient au souffle du vent, — il y en avait de belles :