Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/455

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Gautier ; souvenons-nous ! Que les souvenirs revivent, nous faisant entrevoir l’aurore des jours où régneront la liberté, l’égalité et la justice. »

À la mort de Marie Ferré, les femmes révolutionnaires de Lyon du groupe Louise Michel prirent le nom de « groupe Marie Ferré ».

Merci aux justes et aux vaillantes.

J’ai, parmi les fragments du 28 février 1882, bien des pages touchantes écrites sur l’héroïque et touchante amie que nous avons perdue.


Quand je la revis dernièrement à mon retour d’exil, dit Rochefort, j’avais gardé de la jeune fille d’alors un souvenir ineffaçable, que sa mort inattendue vient de raviver.

Je la vois encore, glissant comme une ombre dans ses vêtement noirs, le long du corridor qui menait au parloir ; nous nous rencontrions ordinairement trois dans ces sortes de boites qui faisaient de la pièce entière comme une variété d’omnibus cellulaires : Rossel, Ferré et moi. Étant tous les trois marqués pour la mort, nous avions été logés l’un à côté de l’autre au rez-de-chaussée de la prison avec deux surveillants qui, à travers nos guichets ouverts, braquaient curieusement sur nous leurs yeux inquiets.

Au parloir, Mlle Rossel, Mlle Ferré et mes enfants se retrouvaient dans une inquiétude commune.

Je n’oublierai jamais, quand elles surent que je n’étais condamné qu’à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée, le regard de convoitise sympathique que les deux jeunes filles adressèrent aux miens et qui semblait dire :