Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des armes apparentes et un uniforme militaire, et fait usage de ces armes ;

4o Faux en écriture privée par supposition de personnes ;

5o Usage d’une pièce fausse ;

6o Complicité par provocation et machination d’assassinat des personnes retenues soi-disant comme otages par la Commune ;

7o Complicité d’arrestations illégales, suivies de tortures corporelles et de mort, en assistant avec connaissance les auteurs de l’action dans les faits qui l’ont consommée ;

Crimes prévus par les articles 87, 91, 150, 151, 59, 60, 302, 341, 344 du code pénal et de la loi du 26 mai 1834.


INTERROGATOIRE DE L’ACCUSÉE.


M. le président : Vous avez entendu les faits dont on vous accuse ; qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

L’accusée : Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue ; j’appartiens tout entière à la révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de tous mes actes. Je l’accepte tout entière et sans restriction. Vous me reprochez d’avoir participé à l’assassinat des généraux ? À cela, je répondrai oui, si je m’étais trouvée à Montmartre quand ils ont voulu faire tirer sur le peuple ; je n’aurais pas hésité à faire tirer moi-même sur ceux qui donnaient des ordres semblables ; mais lorsqu’ils ont été prisonniers, je ne comprends pas qu’on les ait fusillés et je regarde cet acte comme une insigne lâcheté !

Quant à l’incendie de Paris, oui, j’y ai participé. Je voulais opposer une barrière de flammes aux envahisseurs de Versailles. Je n’ai pas de complices pour ce fait, j’ai agi d’après mon propre mouvement.

On me dit aussi que je suis complice de la Commune ! Assurément oui, puisque la Commune voulait avant tout la révolution sociale, et que la révolution sociale est le plus cher de mes vœux ; bien plus, je me fais honneur d’être l’un des promoteurs de la Commune qui n’est d’ailleurs pour rien, pour rien, qu’on le sache bien, dans les assassinats et les incendies : moi qui ai assisté à toutes les séances de l’Hôtel de Ville, je déclare que jamais il n’y a été question d’assassinat ou d’incendie. Voulez-vous connaître les vrais coupables ? Ce sont les gens de la police, et plus tard, peut-être, la lumière se fera sur