Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/97

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demnité avec laquelle nous eussions eu un externat dans les faubourgs. Julie ayant reçu une petite somme de sa famille alla s’établir dans un quartier populeux ; elle nous abandonna sa part de l’association et acheta son externat du faubourg Antoine. Je ne voulus pas la suivre. Mme Vollier était âgée et Julie était jeune, mais les jours de congé nous étions ensemble, j’y donnais des leçons de musique les soirs de jeudi.

Ces détails sont trop courts, mais cette charpente de ma vie rendrait le livre moins incomplet si la mort le fermait.

— Si votre fille gagne tant, disait-on à ma mère, comment ne vous fait-elle jamais quelque petite surprise ?

Inquiète elle vint à Paris ; je ne pouvais aller la voir aux vacances : on n’a que huit jours, dans les externats, sous peine de perdre ses élèves. Les parents, ayant pendant toute l’année leurs enfants chez eux à part le temps des classes, ne veulent ou ne peuvent les avoir complètement pendant plus de huit à dix jours. Les leçons particulières surtout n’admettaient pas plus de vacances.

Et puis, comment ferait-on pour le terrible loyer s’il se trouvait un mois sans recette ?

Quant à être malheureuse autrement que par la lutte pour l’existence, je ne l’ai jamais été dans