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pas fait un séjour charmant ? Peut on donc douter que tout couvent ne fût un enfer anticipé si toute espèce de plaisir en était banni ?

Après être demeurée six ans dans le couvent, j’en fus retirée par madame d’Inville, qui me rappela auprès d’elle. Combien je versai de larmes en me séparant de la sœur Monique ? il me semblait au chagrin que j’éprouvais en la quittant, que je ne devais plus la revoir, et que toute espèce de bonheur était fini pour moi. Hélas ! je ne me trompais pas. Je coulais dans mon couvent des jours doux et paisibles. Chaque nuit m’amenait avec elle des plaisirs toujours renaissans ; tranquille sur le présent, sans inquiétude pour l’avenir. Était-il un bonheur comparable au mien ? Quelles instances n’aurais-je pas fait auprès de ma marraine pour y passer toute ma vie, si j’avais pu prévoir tout ce qui lui est arrivé depuis