Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/130

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Dès que toutes les réparations nécessaires furent faites dans ma petite maison, j’en allai prendre possession avec cette dame, que j’invitai ce jour-là à dîner ainsi que mon moine. Il ne mangeait jamais chez moi que madame Marcel (c’était le nom de cette femme) ne fut de la partie, elle admirait elle-même avec quelle adresse je savais accorder mes plaisirs avec ma réputation. Mon amant me répétait sans cesse qu’il était étonné qu’on fut capable d’autant de prudence à mon âge. La dame Marcel était donc la dupe de la fausse piété de son confesseur, et de mon hypocrisie, ou plutôt elle était notre maquerelle sans en avoir le moindre soupçon.

Je demeurai six ans dans ce village avec l’estime de tous les honnêtes gens ; il ne s’y donnait pas de grands repas que je n’y fusse admise, tout le monde se disputait ma connaissance. Les maris me