Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/28

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leurs amans que l’argent qu’ils leur donnent et que les présens qu’ils leur font ; le plaisir qu’elles trouvent à leur être infidelles, en a porté plusieurs à se faire baiser par le dernier des laquais, faute de pouvoir donner leurs faveurs à d’autres.

Au reste, il faut convenir que les hommes en général, le méritent bien, ils auraient même tort d’exiger qu’un sexe plus faible que le leur les fit souvent rougir de leur inconstance. Comme ils sont moins tourmentés par le désir de remplir le vuide de leur cœur, que par l’envie, en changeant de maîtresse, de satisfaire leur passion brutale, qu’ils volent de conquêtes en conquêtes, une seule ne pourrait jamais se prêter à leurs goûts aussi bizarres qu’extraordinaires ; trop heureux si par quelque maladie cruelle, ils ne paient un jour bien chèrement les plaisirs de leur inconstance. Combien ils ont à redouter le sort de ma chère Suzon qui est morte ainsi que