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bercer pour les endormir, j’aurais pu rester huit jours sans fermer l’œil si j’avais cessé de me bercer à ma manière.

J’étais à peine dans l’attitude propre au sommeil, que je sentis quelque chose se glisser entre mes cuisses et faire même efforts pour les écarter. Un instant après un dard brûlant et d’une activité incroyable, pénétrait avec beaucoup de vivacité dans le fond de mon con. La crainte que j’avais que ce ne fut un songe semblable à celui que j’avais fait quelques semaines auparavant, ne m’aurait point fait ouvrir les yeux pour l’empire du monde : l’illusion avait trop de charmes pour moi, pour chercher à en sortir ; j’appréhendais qu’en voulant m’assurer d’où provenait la cause de ce bonheur inopiné, je ne la détruisisse entièrement, et qu’il ne me restât pour tout fruit de ma curiosité que le désespoir de l’avoir perdu ;

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