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notice sur la vie et les ouvrages

temps antérieurs, afin d’y porter la lumière que nous pouvons emprunter des navigations modernes ; d’appliquer ensuite le résultat de chaque discussion particulière à la carte générale des découvertes modernes, pour connaître quelle place les anciennes y doivent occuper ; de manière qu’en distinguant les vraies découvertes de ce qui n’est qu’une reconnaissance nouvelle de lieux antérieurement visités, nous puissions avoir une description du grand Océan entre l’Amérique et l’Asie, aussi exacte que le comportent les progrès de la navigation et la réunion des matériaux épars qui doivent en présenter l’ensemble. Dans toutes les recherches auxquelles il se livre ensuite, on voit briller la même critique, la même impartialité, qu’on avait applaudies dans un écrit qu’il avait publié, sans nom d’auteur, pendant son ministère, et qui porte pour titre Découvertes des Français en 1768 et 1769. Son but était alors de réclamer contre une espèce d’usurpation trop fréquente qui porte les navigateurs à imposer leurs propres noms ou ceux de leur pays à des terres déja découvertes et nommées par d’autres voyageurs, ce qui ne peut que jeter le trouble et l’incertitude dans l’histoire et la pratique de la navigation. Mais dans ce même ouvrage, entrepris pour assurer les droits de MM. de Bougainville et de Surville contre les prétentions ou les méprises de plusieurs Anglais, on voit avec plaisir l’impartialité avec laquelle il parle de Dalrymple, qui n’avait pas partagé l’injustice ou l’erreur de ses compatriotes, et les hommages qu’il rend au célèbre Cook, à qui il eût pu reprendre beaucoup plus encore sans l’appauvrir.

Le succès de cet ouvrage ne pouvait pas être douteux en France ; il ne fut pas moindre en Angleterre, où M. de Fleurieu trouva un traducteur non moins impartial que lui-même, qui se chargea de répandre cet écrit parmi ses compatriotes, pour faire, comme il le déclare, un sacrifice volontaire à la vérité, et qui, dans ses notes comme dans sa préface, rend par-tout