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de m. tenon.

disait-il que l’on avait tout fait pour améliorer l’Hôtel-Dieu, hors un seul point, mais essentiel, qui était de l’abattre.

Cependant c’est déja gagner que de mourir sans avoir passé auparavant par un supplice affreux et inutile, et les malheureux doivent de la reconnaissance aux administrateurs vertueux dont le zèle est déjà parvenu à leur procurer cet avantage ; mais il est juste qu’ils associent à cette reconnaissance l’homme courageux qui excita le premier, et qui ne cessa d’entretenir en leur faveur la sensibilité publique.

Peu s’en fallut que M. Tenon ne prît personnellement une part active à ces grandes améliorations. Député, en 1791, à l’assemblée législative, il fut nommé aussitôt président du comité des secours, et, comme tel, chargé de présenter un travail sur l’organisation des hôpitaux ; son rapport était prêt, lorsque le 10 août vint encore frustrer ses espérances.

Il ne fut plus possible dès-lors de songer au bien. Empêcher par-ci par-là un peu de mal était déja un succès rare, et cependant il le tenta aussi long-temps qu’il lui resta le moindre espoir. Le fameux club des cordeliers voulant, en 1792, supprimer le collége de chirurgie où M. Tenon avait enseigné si long-temps, il eut, à la sollicitation de quelques professeurs, la bonhomie de faire, devant une députation de ces gens-là, un discours sur l’utilité de l’art pour les armées. Vain effort ! La destruction ne s’opéra que plus promptement.

Quand il vit enfin traîner à l’échafaud les Malesherbes, les Sarron, ces hommes qui l’avaient associé à leurs projets de bienfaisance, il s’aperçut qu’il ne restait plus rien à faire pour l’homme de bien, et il s’ensevelit à la campagne, dans la plus profonde solitude.

La science l’y consola.

Nous l’avons vu, dans sa jeunesse, cultivant l’anatomie sous les yeux de Winslow, l’étudiant déjà sous des points de vue nouveaux.