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éloge

mant un noyau pulpeux au sommet duquel les premiers rudimens de la dent se montrent d’abord comme de petites calottes ; il les voit s’épaissir, se réunir ; le fûst de la dent s’allonger ; les parois de la capsule déposer à sa surface une couche d’émail, et ensuite une troisième substance qui revêt l’émail lui-même. La couronne de la dent se montre enfin hors de la gencive, et aussitôt elle commence à se détruire par l’usage ; mais le fûst croît à mesure par sa base, de sorte que cette couronne reste toujours a la même hauteur ; enfin, ce fûst se divise en racines ; sa matière semble épuisée. La nature y a pourvu : une autre capsule, réceptacle des germes d’une nouvelle dent, s’était formée entre les racines de l’ancienne, et en expulse les derniers restes pour la remplacer. En même temps des dents, qui ne doivent pas changer, s’étaient développées successivement dans le fond de la bouche, et avaient complété l’instrument de mastication. Des artifices tout particuliers, s’il est permis de s’exprimer ainsi, sont employés par la nature, pour ne laisser paraître ces arrière-molaires qu’à l’époque et dans la direction convenables ; et, pendant que les dents éprouvent tous ces changemens, il s’en produit de correspondans à l’intérieur des mâchoires. Les cavités de l’os changent d’étendue et de figure, selon que les dents en remplissent l’espace ou qu’elles se produisent au dehors ; le nerf lui-même, et le canal osseux où il est contenu changent de place et de direction suivant que les dents les y obligent ; et les maladies du poulain et du jeune cheval se montrent précisément aux époques de ce combat, de cette compression que le nerf éprouve de la part de la dent. Mais toutes ces lois, toutes ces actions si compliquées ne sont point particulières à la dentition du cheval. M. Tenon en fait voir d’analogues dans les autres animaux ; il les montre dans l’homme ; et en tire les applications les plus utiles pour l’histoire et le traitement des maladies de l’enfance.

Si l’on ajoute à tous ces curieux phénomènes un mot que M. Tenon n’a pas prononcé, c’est que la dent se forme par sécré-