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MÉMOIRE

pas la marche de l’opinion publique en fait d’industrie : elle adopte souvent une nouveauté sans examen, comme elle la proscrit sans raison plus souvent encore. Néanmoins les essais répétés sur tous les points de la France ont présenté des résultats dont l’observateur a pu faire son profit ; et ces essais nous ont enfin amenés à des connaissances positives sur la culture de la betterave, sur son produit et sur un procédé sûr, facile, et économique, pour en extraire tout le sucre.

L’expérience nous a encore appris que les établissemens de sucre de betterave ne pourraient prospérer qu’entre les mains des propriétaires qui récolteraient eux-mêmes les betteraves et consommeraient les résidus dans leurs domaines : il suffit en effet de jeter un coup d’œil sur les avantages que présente cette fabrication liée à une grande exploitation rurale pour sentir combien grande doit être la différence des résultats dans les deux cas.

1o Le propriétaire qui cultive la betterave l’obtient à plus bas prix que l’entrepreneur qui l’achète au cultivateur ; cette différence est immense, sur-tout si on considère que, cette récolte étant intermédiaire, les frais de labour et de fumier peuvent être supportés par la récolte de blé qui succède.

2o Les résidus des betteraves peuvent nourrir presque toutes les bêtes à corne d’un grand domaine pendant les quatre mois les plus rigoureux de l’année : la vente de ces résidus ne produit pas à l’entrepreneur la moitié du bénéfice qu’en retire l’agriculteur en les consommant dans sa ferme.

3o Les transports, le travail du manège, et la plupart des opérations dans l’atelier, s’exécutent par les chevaux et les hommes de la ferme ; tandis que l’entrepreneur est obligé de