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de m. le comte de fleurieu.

M. de Fleurieu, ne dédaignant aucune partie de l’art, mit tous ses soins à profiter des leçons d’un maître si habile ; il travailla de ses propres mains toutes les pièces d’une pendule à secondes qui pendant quarante ans n’a rien perdu de sa régularité, dont il a suivi la marche jusqu’à ses derniers momens, et qui est encore entre les mains de madame de Fleurieu.

Confident de toutes les pensées et de tous les essais de F. Berthoud, il paya sa confiance en se déclarant hautement le partisan de ses inventions, en leur donnant la préférence sur celle dont lui-même avait conçu l’idée, en proposant au gouvernement d’en ordonner l’épreuve, dans un voyage dont il avait tracé le plan, et dont l’exécution lui fut confiée.

Pour mettre dans tout son jour l’importance de la découverte qu’il était chargé de soumettre aux épreuves les plus rigoureuses, et pour forcer dans ses derniers retranchemens l’incrédulité que devait rencontrer une tentative aussi nouvelle, M. de Fleurieu sentit le besoin de s’associer un astronome dont le mérite et la candeur fussent universellement reconnus. Il obtint de M. Pingré qu’il voulût bien se charger de faire concurremment avec lui toutes les opérations astronomiques. Ces doubles observations se faisaient toujours en présence des officiers du vaisseau, qui en dressaient procès-verbal ; les deux horloges étaient enfermées sous trois clefs, pour qu’il fût bien constaté que jamais on n’y avait touché qu’une fois par jour, et seulement pour les remonter.

Tous les procès-verbaux ont été publiés sans aucune suppression, et si l’on y aperçoit entre les résultats des deux astronomes quelques différences un peu fortes dans des opérations usuelles et fondamentales, auxquelles l’opinion générale accorde un degré plus haut de précision, ces différences sont au moins trop légères pour avoir pu affecter les conclusions qu’on a dû en tirer, et elles n’ont eu d’autre effet que d’attester la véracité et la bonne foi qui ont présidé à cette publication, ainsi qu’à tout le reste de l’entreprise.